Un clown braqué à Palaja.

augusteclon Par Le 04/09/2013

Pour aussi incroyable que cela puisse paraître, c'est une histoire vraie.

Je me suis fait braquer à Palaja. J'ai été braqué par une bande organisée et lourdement armée.

Ces faits se sont produits il y a 2 mois.

Cela m'a tellement bouleversé qu'il m'a fallut tout ce temps pour me décider à vous en parler.

La journée était pourtant prometteuse, 2 anniversaires d'enfants à animer dans un même après midi et dans un même village : Palaja, dans l'Aude.

Je dois dire que c'était un coup de bol car j'ai du mal à présenter 2 fois mon spectacle dans un même après midi si on me demande à la fois en Haute-Garonne et dans l'Hérault ou les Pyrénées orientales.

La journée avait bien commencé.

Le soleil s'était levé aux aurores en ce début juillet.

Pour ne pas lui faire de l'ombre, votre clown préféré s'était levé un peu plus tard.

Quand vint le moment de me mettre au travail, il était encore matin mais tout juste.

Une petite parenthèse en passant: Pour celles et ceux qui pensent que mon temps de travail se limite au temps de mon numéro, détrompez-vous. Le spectacle, c'est un peu comme un iceberg.

La partie visible est bien plus petite que la base.

J'ai préparé méticuleusement mes tours de magie, mes agrées de jonglage et le reste du matériel en choisissant ceci ou cela selon l'age des enfants.

J'ai changé la anche de mon saxophone qui était fracturée.

La fracture de la anche ne revêt aucun caractère de gravité chez les saxophones.

Il suffit d'avoir en réserve quelques anches d'avance et pour cela, il faut avoir pensé à en acheter.

(Comment pourrais-je oublier de vous préciser qu'il faut avoir réglé la facture de la anche?)

J'ai relu et me suis imprégné des options de personnalisation.

Il s'agit des choses que les gens qui m' engagent souhaitent que je dise ou que je fasse.

Ce peut être féliciter un enfant qui passe en classe supérieure ou qui a appris à nager.

Lorsque je fais la tournée du Père Noël à domicile le soir du 24 décembre, je suis souvent chargé de récupérer la « teuteutte » des petits qui sont devenus grands (5 ans déjà!!!).

J'ai programmé le GPS afin de ne pas être déboussolé mais je n'étais pas encore tout à fait prêt.

Je n'étais encore que moi et moi à l'état brut, je n'intéresse pas grand monde en dehors bien entendu des gens qui ont l'honneur, la joie et le plaisir de me connaître personnellement ; soit dit en toute modestie...

Je me suis donc maquillé selon les règles de l'art et j'ai revêtu l'ample costume à carreaux dont je prétend parfois que ce sont les anciens rideaux de ma cuisine.

Quand je me suis mis en route, je ne portais ni le nez rouge ni la perruque ni le chapeau ni la veste car rien ne sert de souffrir (de la chaleur) quand on part à l'heure.

( Rien ne sert de souffrir, il faut partir à point...ça vous rappelle quelque chose ? )

Je ne portais pas les chaussures non plus.

En ce qui concerne les chaussures, c'est encore autre chose.

C'est une question de sécurité routière.

Comment voulez-vous conduire une voiture chaussé en cinquante-douze?

Aviez-vous déjà remarqué qu'aucun constructeur automobile même parmi les plus prestigieux n'avait pensé à concevoir un véhicule pour les clowns?

Prenant la route, j'étais loin de m'imaginer ce qui allait m'arriver un peu plus tard...

Je fus accueilli au premier anniversaire par des parents ravis et des enfants charmants, tous ont participé au spectacle et à l'atelier découverte de la magie.

J'avais prévu un temps de battement entre mes deux prestas pour recharger en confettis, fleurs en papier et autres consommables mes appareils à production, changer de chemise et de perruque qui je le savais seraient trempées et souffler un peu.

Je rejoignais enfin la dernière adresse sans me douter le moins du monde que quelques minutes plus tard, je serais braqué par une bande armée, une bande organisée de surcroît.

Je me garais à proximité de l'adresse mais pas vraiment devant, de manière à pouvoir terminer mon entrée dans le personnage: Les pompes, le pif, la moumoute et le couvre chef.

Je m'extirpais de mon carrosse puis me dirigeais vers la maison où j'étais attendu sans m'attendre à ce qui allait se passer moins d'une à deux minutes plus tard...

Les volets étaient tirés comme cela se fait en cette saison pour préserver un peu de fraîcheur dans la maison...

Le portail était fermé...

Malgré des recherches poussées, je ne trouvais pas de sonnette...

Le portail avait beau être fermé, il n'était pas fermé à clé, aussi j'ai saisi la poignée et l'ai baissée...

Le portail s'est ouvert dans un grincement déchirant et c'est alors...

C'est alors qu'ils sont arrivés, une dizaine de gnomes armés jusqu'aux dents:

C'était surprenant...

Il y avait un Batman avec un arc,

il y avait un indien avec une mitrailleuse,

plusieurs cow-boys avec des colts et un autre avec une Winchester,

un policier avec un nunchaku...

Sous le coup de l'émotion j'en oublie peut être.

Tous dans cette bande hurlaient, se trémoussaient, me menaçaient, m'intimaient l'ordre de ne pas bouger sinon il m'en cuirait.

Je m'immobilisais donc, terrorisé.

Même si ça n'a duré qu'une poignée de secondes, je pensais intérieurement :

Un indien plus un cow-boy plus un policier, ce sont sans doute les Village People qui me font une blague...Mais je ne voyais ni le maçon ni le militaire et me demandais ce que Batman pouvait bien faire parmi eux...

Je n'avais pas eu le temps de me répondre qu'une voix me délivra:

« Allez les enfants, on va laisser entrer Auguste dans le salon, je crois qu'il a des choses à vous montrer »

Ouf !

Merci Madame maman !!!